Ombres et lumières de la souffrance morale au travail.

Publié le par cgtdelpharmreims

Pourquoi?
Pour une raison simple, le management est devenu plus qu'une technique, une idéologie totalitaire. Avec sa culture d'entreprise abstraite et déconnectée de l'histoire de l'entreprise, avec ses objectifs de rentabilité à outrance, qui peut croire raisonnablement qu'une entreprise peut durablement afficher un rendement du capital de plus de 15% après impôts? Cela n'est possible, qu'en réduisant les coûts drastiquement, et d'abord la masse salariale, en dégraissant.

La création de valeur pour l'actionnaire est devenu un des commandements de management. L'entreprise qui est une communauté d'intérêts composée de femmes et d'hommes, les salariés et leur savoir faire, de capital, localisée dans une région, un pays, ne peut se réduire aux seuls intérêts des détenteurs du capital. En fait les principaux actionnaires et les dirigeants actionnaires.

C'est pourtant ce qui se passe, le "bon" manager doit réduire les coûts salariaux au maximum, les cotisations sociales ainsi que les impôts par tous les moyens, vendre les produits et services au coût le plus élevé possible, au mépris du client roi, pour créer de la valeur pour l'actionnaire, rémunérer le capital à 15%, 20%, 25%.

Tout cela a un coût social: le chômage, la baisse ou la stagnation des salaires, pour réduire le nombre de salariés au moindre coût la meilleure méthode est le Mobbing, le harcèlement professionnel, la destruction psychologique du salarié(e) sélectionné(e), La maladie, voire l’invalidité accordée par l’assurance maladie. Ce coût, la victime le paie au prix fort : déprime, mal être, perte de l’estime de soi, perte de l’emploi, ou « placardisation » jusqu’à ce qu’elle craque physiquement ou psychologiquement, se suicide, ou voit son équilibre psychologique gravement perturbé, ainsi que sa vie privée..

Comment notre monde qui se veut un exemple de liberté et de démocratie, tolère t il, accepte t il ? ces pratiques qui relèvent de la torture psychologique ?

Pourquoi la loi sur le harcèlement est elle si peu efficace ?

La raison est simple, les grandes PME, entreprises, les CAC 40, sont très bien organisées, leur direction de la communication veille au grain, on devrait dire direction de la « propagande » pour étouffer tout problème, tout suicide pour enfumer l’opinion..

Les directions des ressources humaines, qui selon l’éthique de base devraient s’opposer à de telles pratiques, non seulement les tolèrent et même souvent les encouragent et organisent par la formation de ses managers. La sémantique est d’ailleurs éloquente : de direction du personnel, au temps où les salariés étaient des personnes, nous sommes passées à la Direction des relations humaines, pour aboutir à la direction des ressources humaines, la personne est réduite à sa valeur d’usage : une ressource, qui est jetée ou recyclée lorsqu’elle a fait son temps.’

La direction des ressources humaines ne s’intéresse qu’aux cadres à haut potentiel, pour les autres salariés, elle tient le rôle de la police, veille au maintien de l’ordre, à la surveillance des syndicalistes, organise leur intimidation ou les apprivoise.

Voilà ce qu’est devenue l’entreprise, ce lieu idéal selon les théologiens du Medef et les croisés de la dérégulation, de la flexibilité du marché du travail. Jean Pierre Le Goff résume cette évolution d’une formule à méditer « la barbarie douce. », nous les femmes et hommes de terrain nous l’appelons le totalitarisme tranquille.

La loi sur le harcèlement n’est pas appliquée, d’autant plus qu’amendements après amendements elle a été vidée de son sens.

Il ne reste que la lutte collective, la lutte au grand jour, comme nous disons aux salariés qui viennent nous consulter, vous êtes les dissidents de nos belles démocraties exemplaires où règne les droits de l’homme dans leur version abstraite.

D’ailleurs des sociétés de consultants ont été fondées pour noter le caractère social de l’entreprise, l’ennui comme l’a dit Marc Ladreit de la Charrière, c’est que certaines de ces sociétés ont à leur capital les entreprises qu’elles notent ! la lutte se poursuit, notre meilleure protection est que les médias s’intéressent à la vie réelle dans la grande entreprise, et non celle fantasmée qui fait l’objet d’article élogieux sur la nécessaire modernisation , le respect des lois (naturelles) de l’économie et du marché !

Bien à vous.

Bibliographie :

Heinz Lehmannle mobbing: la persécution au travail Le seuil

La barbarie douce Jean Pierre Le Goff La découverte

Le Mythe de l’entreprise "Les illusions du management"

Pascale Molinier Les enjeux psychiques du travail

Christophe Dejours Souffrance en France,

Vincent de Gaulejac La société malade de la gestion : Idéologie gestionnaire, pouvoir managérial et harcèlement social, Le seuil (visiter le site)

Paul Ariès,Harcèlement au travail ou nouveau management, éditions Golias, 2002.

Marie Pezéle deuxième corps, Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés - Journal de la consultation "Souffrance et Travail" 1997-2008 ,village mondial

Sites : www.psychologue-travail.com/medias

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