La prédation.

Publié le par cgtdelpharmreims

En moins de 20 ans nous sommes passés des entreprises partenaires sociaux de leurs pays d’origines à des multinationales sans âmes et sans scrupules qui sont devenues des prédateurs mettant la planète en danger. Total qui annonce des bénéfices records et des suppressions d’emploi en est l’archétype français.

Depuis 1983 et le ralliement des socialistes à la « rigueur » et à la mondialisation il est un sujet tabou : les entreprises sont les moteurs de l’économie et il ne faut pas remettre en cause leurs pratiques et leur mode de fonctionnement encore moins émettre de critiques sur leurs errements réguliers, bien au contraire, les discours sur la modernisation de la société portent systématiquement sur des contraintes à lever et des libertés nouvelles à leur accorder.

Nous vivons dans un monde avec deux modes de fonctionnement : 

  • pour le citoyen : contrôles accrus, interdictions nouvelles en pagaille (pas une semaine depuis Sarkozy sans qu’il n’y ait une nouvelle interdiction : concernant les chiens, la circulation, la distribution de boisson, l’internet …). Le citoyen est un être dangereux à mettre sous contrôle permanent, sans qu’il puisse avoir de décisions personnelles, juste des lois à appliquer et si possible sous contrôle des caméras.

     

  • Pour les entreprises par contre : il faut libérer les contraintes, quand ils sont pris la main dans le sac en pleine turpitude, pas de lois, ils définiront eux même des chartes de bonne conduite et s’autoréguleront grâce à la main invisible du marché. La seule vérité est que la main du marché est d’autant plus invisible qu’elle n’existe pas, mais comme personne ne l’a jamais vue, elle est réellement invisible, donc la théorie qui va avec est la bonne.

     

Quelle logique derrière cela ? Ceux qui n’ont pas de pouvoirs sont des éléments dangereux à contrôler par tous les moyens, ceux qui ont le pouvoir n’ont pas besoin d’être contrôlés.

Hors que donne un état des lieux des pratiques des entreprises : elles sont bâties pour l’essentiel sur un modèle de management largement inspiré du modèle américain. Quelle en est l’histoire ?

Ce modèle s’est largement fondé sur une économie de prédation : pour avoir les espaces pour se développer et les minerais et pétrole qui allaient avec, on a commencé par massacrer les indiens, puis les américains profitant de la crise de 29 ont fortement investi en Allemagne (Premier constructeur de véhicules militaires de l’Allemagne nazie, participations chez Messerchmidt, introduction de la marque Fanta pour permettre à Coca-Cola de continuer le business…) puis comme les nazis dans leur folie ont interdit aux bénéfices de sortir de l’Allemagne, entrée en guerre pour récupérer actions et bénéfices avec les colonels Coca-Cola qui construisaient des usines juste derrière l’avancée des troupes et prenaient leurs parts de marché au fur et a mesure. Ils avaient d’ailleurs prévu de remplacer le franc et de mettre la main sur l’économie française avec l’Amgot. Tentative qui a échoué "grâce" à De Gaulle.

Ces exemples sont un peu vieux ? Depuis nous avons eu l’Irak et Halliburton qui fonctionnent de la même manière. Entre les deux les turpitudes Sud américaines avec entre autres les bons conseils de l’école de Chicago au démocrate Pinochet. 

Exagéré ? Peut-être mais le problème est que cette mentalité de prédateur s’est diffusée dans d’autres domaines :

Mise en œuvre systématique de l’optimisation fiscale en transférant les bénéfices là ou on paye le moins d’impôt. Traduit autrement : on profite des infrastructures des pays qui font maintenant supporter les charges fiscales aux classes moyennes , on y participe le moins possible mais en demandant régulièrement à ce que ses besoins soient pris en compte.

En parallèle on chasse les exonérations : on nous dit que la pérennité de la sécurité sociale est remise en cause avec 10 milliards de déficit et qu’il est impératif via les franchises médicales de faire payer les démunis. Hors en 15 ans on a donné aux entreprises plus 200 milliards d’Euro d’exonérations, et on en prévoit plus de 25 pour 2009. (Source : les dangereux rapports révolutionnaires …. du Sénat). Les politiques qui accordent les exonérations sont très généreux avec un argent qui ne leur appartient pas.

La mondialisation a besoin pour fonctionner de transports à bas coût : on ne paye pas les énergies fossiles à leur réelle valeur, on utilise des pavillons de complaisance, avec des marins sous payés, on transporte les marchandises dans des bateaux dangereux comme l’Erika et quand cela tourne mal : on n’assume rien. Un PDG ne va pas passer des jours dans un tribunal pour assumer les conséquences de ses actes, il est bien trop important pour cela, même quand il y a des dizaines de morts. Il va payer un avocat pour le représenter et de toute façon il aura une peine d’opérette.

Pour se garantir des ennuis d’image, les grosses entreprises utilisent des réseaux de sous traitants qui embauchent des clandestins, ce qui en cas d’enquête ou de problème permet de jouer le bal des faux culs. Ils trichent ? Première nouvelle, pourtant dans nos chartes avec eux ils s’étaient engagés à être clean, même avec des tarifs qui ne permettent pas de l’être et là les tarifs sont connus des donneurs d’ordre.

Prédation encore, sur votre temps personnel, accompagné d’une large tranche de foutage de gueule : pour améliorer la relation client et le service : on crée des centres d’appel car le client est roi. J’aimerais connaître un client qui a un jour demandé à avoir affaire à un centre d’appel pour avoir le plaisir de répéter 15 fois la même chose à 15 personnes différentes en payant sur un numéro surtaxé, plutôt que d’avoir son dossier traité en une fois par un personne qui le connait, qu’il connait et qui maitrise le dossier.

Cela c’était pour la première couche, maintenant vont arriver les caisses automatiques ou vous allez faire le travail à la place du marchand.

Prédation encore : la réalité des semaines de 35 heures, les cadres sont censés l’aimer tellement qu’ils la font 2 fois dans la même semaine, sans rémunération complémentaire, sauf pour le top management bien sûr, mais pour tenir leurs objectifs et surtout compléter tous les rapports administratif, conf call et autres qui prolifèrent d’année en année et ne servent qu’à faire croire aux petits chefs qu’ils sont indispensables. 

Enfin le plus grave : prédateurs de la biosphère, utilisation massive de produits chimiques, pollution du Rhône ou le poisson n’est plus comestible de Lyon à la mer à cause des métaux lourds des industries, nappes phréatiques mises en danger par les pollutions agricoles et maintenant par les urines contenant des résidus médicamenteux qu’on n’arrive pas à filtrer. Empoisonnements des consommateurs qui ingèrent des mélanges de produits chimiques qui n’ont jamais été testés par personne et qui voient une augmentation forte des maladies créées par l’homme (voir le rapport Belpomme), maintenant on commence l’empoisonnement au biberon, on progresse. (les études menées par les industriels sur le Bisphenol concluent toutes à l’inocuité, celles menées par les universitaires concluent à 95% sur la dangerosité, on comprend pourquoi le Medef veut mettre la main sur la recherche).

L’organisation de l’obsolescence permanente nous conduit vers une société du déchet que nous n’arrivons plus à absorber, vers une société de la croissance perpétuelle qui est impossible dans un monde fini, ce qui n’empêche pas nos chers managers de distribuer des objectifs en hausse de 10 à 15% tous les ans. Les seuls qui s’imaginent encore que la croissance perpétuelle n’est pas une maladie mortelle sont les responsables économiques.

Comment tout cela est il possible dans le monde idéal de l’entreprise que nous dépeint Parisot : démocratie, compétence, sens des responsabilités, toutes ces qualités seraient-elles des mirages ?

La réalité des entreprises est moins rose : stress, pressions au résultat, absence de discussion, despotisme, phénomènes de cour ou le faire savoir importe plus que le savoir faire.

Il est temps de changer de redevenir responsables, de trouver des modes de gouvernance dans lesquels salariés et consommateurs soient impliqués dans les décisions et participent aux conseils d’administration avec une part représentative, d’organiser une décroissance durable et viable, de limiter les complexifications obtenues avec l’utilisation de l’informatique (dont le système bancaire est un exemple édifiant : personne ne sait plus ce qu’il possède et ce qu’il a perdu alors qu’il n’y a jamais eu autant de capacité de traitement et d’interconnexions de réseaux).

Bien à vous

Publié dans Comment ça marche

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